Le CBD et la sclérose en plaques
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique chronique qui affecte le cerveau et la moelle épinière. Elle entraîne des lésions nerveuses à l’origine de perturbations sensitives, motrices, cognitives, visuelles ou encore sphinctériennes d’aggravation progressive.
En l’absence d’une prise en charge précoce et adaptée, l’évolution naturelle de la sclérose en plaques se fait vers une perte d’autonomie et la dépendance totale. Elle représente d’ailleurs la première cause d’handicap sévère d’origine non traumatique chez l’adulte jeune !
La sclérose en plaques est une pathologie malheureusement incurable, mais il existe un certain nombre de médicaments qui peuvent aider à gérer les symptômes et à ralentir la progression de la maladie.
Une récente enquête a révélé que de nombreuses personnes atteintes de sclérose en plaques prenaient ou envisageaient de prendre du CBD (Cannabidiol), une substance non psychoactive issue de la plante cannabis sativa, pour traiter leurs symptômes.
Ce présent article vise à fournir des informations claires et objectives sur les effets d’une utilisation médicale du CBD sur les symptômes de la sclérose en plaques et sur l’évolution générale de cette maladie neurologique.
Qu’est-ce que la sclérose en plaques ?
La sclérose en plaques ou « SEP » est une maladie chronique du système nerveux central touchant plus de 2,5 millions de personnes dans le monde, dont environ 120 000 en France (d’après les derniers chiffres du ministère de la Santé [1]).
La SEP est considérée comme une maladie auto-immune qui affecte le cerveau et la moelle épinière. En effet, lors de cette affection, le système immunitaire—normalement chargé de défendre l’organisme contre différentes menaces telles que les virus, les bactéries et les cancers —s’attaque à ses propres constituants, en l’occurrence la gaine de myéline.
Il faut savoir que nos fibres nerveuses sont entourées d’une substance formée de lipides et de protéines appelée « myéline ». Cette dernière possède deux principales fonctions : protéger les fibres nerveuses des agressions extérieures et améliorer la conduction de l’influx nerveux du cerveau aux différentes parties du corps (une sorte d’isolant, comme celui des fils électriques).
Lorsque l’organisme, pour des raisons inconnues, développe une réaction inflammatoire et auto-immune détruisant cette gaine de myéline, des symptômes neurologiques divers apparaissent. Ces derniers dépendent des zones du cerveau ou de la moelle épinière touchées.
Ainsi, la sclérose en plaques peut se manifester, entre autres, par :
- Des troubles moteurs (spasticité musculaire, tremblements…) ;
- Des troubles sensitifs (fourmillements, douleurs…) ;
- Des troubles de l’équilibre(chutes…) ;
- Des troubles visuels (baisse d’acuité visuelle, vision double…) ;
- Des troubles génito-urinaires (incontinence, impuissance…) ;
- Des troubles psychiques (dépression, mélancolie…) ;
- Des troubles cognitifs (baisse de concentration, trous de mémoire…).
Dans la majeure partie des cas, la sclérose en plaques évolue par poussées entrecoupées de périodes de rémission (forme rémittente). Parfois, l’évolution se fait de manière continue et progressive, c’est-à-dire que les symptômes s’aggravent de manière lente sans poussées ni rémission.
Comment se traite la sclérose en plaques ?
La SEP est une maladie incurable. Sa prise en charge ne vise qu’à freiner son évolution naturelle et améliorer la qualité de vie des personnes qui en souffrent en soulageant leurs symptômes.
Pour ce faire, on peut avoir recours :
- Aux corticoïdes (ex : méthyl prednisolone) ;
- Aux immunomodulateurs (ex : interféron bêta) ;
- Aux immunosuppresseurs (ex : natalizumab) ;
- Aux séances de rééducation pour préserver la motricité/mobilité ;
- Aux myorelaxants pour diminuer la spasticité musculaire ;
- Aux analgésiques pour soulager de potentielles douleurs ;
- Aux séances de psychothérapies et aux antidépresseurs ;
Les traitements utilisés pour freiner l’évolution et améliorer les symptômes de la sclérose en plaques sont lourds et possèdent de nombreux effets secondaires. C’est pourquoi les personnes souffrant de cette maladie se tournent souvent vers des solutions plus douces et naturelles, notamment le CBD.
CBD (Cannabidiol) : que peut-il apporter dans le traitement de la sclérose en plaques ?
Le CBD possède de multiples propriétés thérapeutiques dont peuvent bénéficier les patients souffrant de sclérose en plaques. D’ailleurs, son utilisation via le médicament Sativex (association CBD-THC) est approuvée par les plus hautes autorités sanitaires dans la prise en charge de la spasticité et autres symptômes liés à cette maladie.
Voici à présent les quelques effets thérapeutiques du CBD potentiellement bénéfiques dans le traitement de la sclérose en plaques :
Calme l’inflammation nerveuse
La destruction de la gaine de myéline par des processus inflammatoires, des réactions auto-immunes et des phénomènes oxydatifs (stress oxydatif exercé par les radicaux libres) est l’un des principaux mécanismes à l’origine des symptômes de la sclérose en plaques.
Le CBD pourrait donc contribuer au traitement de cette maladie grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydatives.
En effet, d’après certaines études (notamment celle-ci) ce phytocannabinoïde non psychoactif est capable d’inhiber la production de certaines substances impliquées dans les phénomènes inflammatoires au cours de la SEP telles que le facteur de nécrose tumorale (TNF) et les cytokines [2].
Grâce à cette capacité à lutter contre l’inflammation, ainsi qu’à son pouvoir antioxydatif, le CBD pourrait diminuer la dégradation de la myéline des fibres nerveuses, ralentissant ainsi l’évolution et soulageant les symptômes de la sclérose en plaques.
Régule l’activité immunitaire
D’après cette étude publiée en 2015, le CBD exercerait des effets immun modulateurs en favorisant l’anergie de certaines cellules immunitaires (lymphocytesT) [3].
Autrement dit, le CBD serait capable de pousser le système immunitaire à tolérer des substances qu’il ne tolérait pas auparavant, en l’occurrence la myéline au cours de la sclérose en plaques ! Grâce à cela, le système immunitaire arrêterait de produire de grandes quantités d’auto-anticorps détruisant les gaines de myéline et la maladie se stabiliserait.
Réduit la spasticité musculaire
La spasticité dont souffrent les personnes atteintes de sclérose en plaques correspond à des raideurs musculaires involontaires et des spasmes secondaires à la perturbation de la transmission de l’influx entre le système nerveux et les muscles (notamment à cause de la dégradation de la gaine de myéline).
Cette spasticité se traduit cliniquement par des difficultés dans l’exécution de certains mouvements, le maintien de l’équilibre et de la posture ainsi que par des troubles de la marche. Ces désagréments d’aggravation progressive altèrent considérablement la qualité de vie d’environ 80 % des malades souffrant de sclérose en plaques.
Le CBD peut représenter une solution efficace pour lutter contre la spasticité musculaire de la SEP en augmentant la concentration cérébrale d’anandamide.
Il faut savoir que l’anandamide est un endocannabinoïde, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un cannabinoïde naturellement présent dans notre organisme (particulièrement au niveau du cerveau). D’après les études, ce composé aurait des propriétés antispasmodiques et il serait capable de lutter contre divers phénomènes de spasticité en activant les récepteurs CB1 du système endocannabinoïde [4].
En empêchant la dégradation de l’anandamide, le CBD prolonge ses effets bénéfiques sur la spasticité et d’autres troubles musculaires tels que les tremblements.
Pour faire bénéficier le maximum de patients atteints de sclérose en plaques des effets positifs du CBD sur la spasticité, un médicament composé d’une association THC-CBD a été développé et commercialisé sous le nom « Sativex ».
D’après la haute autorité de santé (HAS), Sativex est un traitement d’appoint indiqué dans la prise en charge de patients souffrant de spasticité modérée à sévère liée à une SEP ne répondant pas aux traitements antispastiques classiques (comme le baclofène, la gabapentine ou le dantrolène) [5].
Soulage les douleurs neuropathiques
Les douleurs ne sont pas un symptôme typique de la sclérose en plaques, mais elles concernent tout de même plus de 50 % des patients souffrant de cette maladie. Elles peuvent être ressenties au niveau des mains, des membres inférieurs (mimant une sciatique), du visage, des yeux et elles sont d’origine neuropathique (dues à une atteinte du système nerveux).
Ces douleurs apparaissent ou s’aggravent généralement lors des poussées de la maladie, mais elles peuvent aussi persister en dehors des poussées et devenir chroniques. Elles entraient donc une dégradation importante de la qualité de vie et imposent des traitements analgésiques au long cours qui sont souvent source d’effets secondaires.
Le CBD peut contribuer efficacement à la gestion des douleurs neuropathiques chez certains patients souffrant de SEP tout en étant mieux toléré par l’organisme (peu voire pas d’effets indésirables).
En effet, d’après cette étude, ce cannabinoïde est capable de stimuler certains récepteurs du système endocannabinoïde et d’inhiber la production de glutamate [6].
Sachant que le glutamate est le transmetteur excitateur le plus important du système nerveux central et qu’il est responsable des sensations de douleurs, l’inhibition de sa production par le CBD procure un effet antalgique significatif.
Protège les neurones (neuroprotection)
L’excitotoxicité, c’est-à-dire la destruction des neurones et des cellules productrices de myéline par une sécrétion excessive de glutamate, neurotransmetteur excitateur le plus abondant du système nerveux central, est l’un des principaux mécanismes en cause dans le développement de la sclérose en plaques.
En effet, des taux élevés de glutamate sont toxiques pour les cellules nerveuses (neurotoxicité). Ils entraînent la mort cellulaire d’un grand nombre de neurones par une entrée massive d’ions calciques.
Le CBD possède des propriétés neuroprotectrices, c’est-à-dire qu’il est capable de protéger les neurones de la destruction, et ce, grâce à l’inhibition de la libération excessive de glutamate (lutte contre l’excitotoxicité), la réduction de l’inflammation et la diminution du stress oxydatif au niveau du système nerveux central (pouvoirs anti-inflammatoire et antioxydant du CBD) [7].
Ces propriétés neuroprotectrices pourraient permettre d’influencer positivement l’évolution de la sclérose en plaques et freiner le déclin moteur et cognitif chez les patients qui en souffrent.
Par ailleurs, la consommation régulière de CBD réduirait le risque de développer certaines pathologies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson, d’Alzheimer et de Charcot (sclérose latérale amyotrophique).
Diminue l’anxiété et la dépression
Dès la pose du diagnostic de sclérose en plaques, maladie chronique incurable et débilitante, une prise en charge psychologique adéquate est indiquée pour accompagner les patients.
En effet, les troubles psychiques, particulièrement l’anxiété et la dépression, font partie intégrante du tableau clinique de la sclérose en plaques.
Le CBD peut se révéler intéressant dans la prise en charge des patients souffrant d’anxiété et de dépression dans le cadre d’une sclérose en plaques. En plus d’être parfois tout aussi efficace, ce cannabinoïde entraîne nettement moins d’effets indésirables que les médicaments anxiolytiques et antidépresseurs classiques.
Quelle dose de CBD pour la sclérose en plaques ?
Comme pour ses autres indications, les doses de CBD nécessaires pour le traitement de la sclérose en plaques diffèrent d’une personne à l’autre selon le poids, l’état général, les spécificités biochimiques individuelles, le type de sclérose en plaques (forme rémittente, progressive…), la nature et la sévérité des symptômes… Il est donc recommandé de commencer par des petites doses puis d’augmenter progressivement la posologie jusqu’à atteindre un effet satisfaisant tout en ayant une bonne tolérance (efficacité et absence d’effets indésirables).
En général, pour un adulte de corpulence moyenne, une dose quotidienne autour de 25 mg de CBD est suffisante pour obtenir une amélioration significative de certains symptômes modérés de la sclérose en plaques tels que la spasticité, l’anxiété et la dépression.
Évidemment, il est primordial d’en parler à son médecin traitant avant d’entreprendre tout traitement à base de CBD afin de bénéficier d’un encadrement personnalisé (surveillance de l’efficacité du traitement, de sa tolérance, des interactions médicamenteuses…).
Quel mode d’administration privilégier pour l'utilisation du CBD contre la sclérose en plaques ?
Le CBD peut être utilisé de différentes façons : vapotage, huiles, baumes, capsules, solutions liposomales… Chaque mode d’administration possède ses spécificités en termes de vitesse d’absorption, de délai d’action et de durée de l’effet thérapeutique.
Pour les patients souffrant de sclérose en plaques, il est recommandé d’utiliser le CBD sous forme d’huile, car ce mode d’administration offre un délai d’action court, donc un effet bénéfique rapide sur les symptômes.
Il est également possible d’utiliser les capsules ou les solutions liposomales qui offrent une meilleure biodisponibilité, c’est-à-dire une plus grande concentration de principes actifs utilisable au niveau de l’organisme.
Pour soulager des douleurs localisées, notamment les douleurs neuropathiques, il existe des baumes au CBD très pratiques et efficaces pour une utilisation locale.
Conclusion : points clés à retenir sur l’utilisation du CBD dans le traitement de la sclérose en plaques
Voici les 10 points clés à retenir de l’article :
- La sclérose en plaques (SEP), maladie chronique touchant le cerveau et la moelle épinière, est la première cause d’handicap non traumatique chez le jeune adulte.
- Elle se traduit cliniquement par un très large éventail de symptômes moteurs, sensitifs, sensoriels, cognitifs et psychiques.
- Il s’agit d’une maladie inflammatoire et auto-immune touchant le système nerveux central.
- Elle est caractérisée par une destruction de la gaine protectrice et isolante qui entoure les neurones.
- Il n’existe pas encore de traitement capable de guérir la SEP. Sa prise en charge vise uniquement à ralentir son évolution, espacer les poussées et atténuer ses différents symptômes.
- Le CBD pourrait contribuer activement à la prise en charge des patients souffrant de SEP.
- Le CBD pourrait contribuer à ralentir l’évolution de la SEP grâce à ses propriétés anti-inflammatoires, immunoerégulatrices et neuroprotectrices.
- Le CBD pourrait aider les patients souffrant de SEP à soulager certains symptômes tels que la spasticité musculaire, les douleurs neuropathiques, l’anxiété et la dépression.
- En plus d’être parfois tout aussi efficace, le CBD entraîne infiniment moins d’effets secondaires que les médicaments classiquement utilisés dans la prise en charge des symptômes de la SEP.
- L’avis d’un médecin est toujours nécessaire avant l’utilisation du CBD pour lutter contre les symptômes de la SEP.
Références
[1] S. Admin et S. Admin, « La sclérose en plaques », Ministère de la Santé et de la Prévention, 27 décembre 2022. (consulté le 22 décembre 2022).
[2] A. M. Malfait et al., « The nonpsychoactive cannabis constituent cannabidiol is an oral anti-arthritic therapeutic in murine collagen-induced arthritis », Proc Natl Acad Sci U S A, vol. 97, no 17, p. 9561‑9566, août 2000, doi: 10.1073/pnas.160105897.
[3] E. Kozela, A. Juknat, N. Kaushansky, A. Ben-Nun, G. Coppola, et Z. Vogel, « Cannabidiol, a non-psychoactive cannabinoid, leads to EGR2-dependent anergy in activated encephalitogenic T cells », J Neuroinflammation, vol. 12, p. 52, mars 2015, doi: 10.1186/s12974-015-0273-0.
[4] C. S. Piccarreta, « Système endocannabinoïde: une nouvelle voie thérapeutique ».
[5] « SATIVEX (delta-9-tétrahydrocannabinol/cannabidiol), analgésique », Haute Autorité de Santé. (consulté le 23 décembre 2022).
[6] E. B. Russo, « Cannabinoids in the management of difficult to treat pain », Ther Clin Risk Manag, vol. 4, no 1, p. 245‑259, févr. 2008.
[7] M. R. Pazoset al., « Mechanisms of cannabidiol neuroprotection in hypoxic-ischemic newborn pigs: role of 5HT(1A) and CB2 receptors », Neuropharmacology, vol. 71, p. 282‑291, août 2013, doi: 10.1016/j.neuropharm.2013.03.027.