CBG: définition, effets, utilisations

On retrouve dans la composition des différentes variétés de la plante de cannabis plus d’une centaine de cannabinoïdes dont font partie les fameux THC (Tétrahydrocannabinol) et CBD (Cannabidiol).

Dans cet article, nous allons vous parler d’un autre cannabinoïde, nettement moins connu mais tout aussi intéressant sur notre santé : le CBG (Cannabigérol).

CBG (Cannabigérol) : c’est quoi ?

Le CBG (Cannabigérol) est l’un des nombreux composants de la plante du cannabis dont la découverte remonte aux années 1960. Ce cannabinoïde non psychotrope possède une propriété qui le rend spécial par rapport aux autres composants du cannabis : il s’agit d’une molécule mère. Cela veut dire que le CBG est à l’origine de la biosynthèse de tous les autres cannabinoïdes étudiés tels que le THC, le CBD, le CBN (Cannabinol)…

En effet, le CBG est la forme carboxylée du CBGA ou « acide cannabigérolique ». Ce dernier est le premier acide cannabinoïde à se former lors de la croissance de la plante de cannabis. Il sera ensuite le précurseur du CBG et de la majorité des autres cannabinoïdes sous forme neutre.

Cette spécificité du CBG suscite évidemment un grand intérêt dans le milieu médical, car ses effets thérapeutiques théoriques pourraient surpasser ceux du CBD ou du THC.

Toutefois, il existe un obstacle qui ralentit quelque peu l’essor du CBG. Il s’agit de sa présence en très faible quantité dans la plante de cannabis, représentant moins de 1 % de l’ensemble des composants. À titre de comparaison, la teneur en CBD de cette plante est de 20 à 25 %, celle en THC est de 25 à 30 %(variables d’une souche à l’autre).

Ces dernières années, des spécialistes ont procédé à des manipulations du génome de la plante de cannabis (modifications génétiques) dans le but d’obtenir des souches qui ont une plus grande teneur en CBG.

Le CBG est-il légal ?

Contrairement au THC, le CBG ne possède aucun effet psychoactif et sa consommation n’entraîne aucune modification sur l’état de conscience. Cette caractéristique qu’il partage avec le CBD (Cannabidiol) rend sa consommation parfaitement légale en France ainsi que dans tous les pays européens.

En effet, d’après la législation de l’Union européenne, tous les produits CBD ou CBG contenant moins de 0,2 % de THC dans leur composition sont autorisés à la vente et à la consommation.

Quels sont les bienfaits thérapeutiques du CBG ?

Voici les quelques bienfaits potentiels du CBG sur la santé mis en évidence jusque-là :

Propriétés anti-inflammatoires

Huile de CBG

Des éléments scientifiques et anecdotiques suggérant un effet positif de la consommation de cannabis chez des personnes atteintes de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) ont motivé des scientifiques à mener une étude en ce sens sur un modèle animal (des souris).

Il s’agit d’une étude italienne intitulée « effets bénéfiques du cannabinoïde non psychotique cannabigérol sur la maladie inflammatoire de l’intestin » publiée dans la revue scientifique Biochemical Pharmacologies en 2013[1]. Son princip eétait simple : induire une maladie inflammatoire intestinale ou « colite » chez des souris (par l’injection d’acide dinitrobenzène sulfonique directement au niveau de leur colon) ; traiter ces souris par un protocole médical à base de CBG ; évaluer la réponse au traitement en appréciant les phénomènes inflammatoires au niveau des intestins des souris traitées (marqueurs de l’inflammation, étude histologique et immunohistochimique).

Au terme de l’étude, les scientifiques ont observé une nette atténuation de la colite (inflammation intestinale) chez les souris traitées avec du CBG, ainsi qu’une réduction globale des marqueurs de la réponse auto-immune.

Le CBG aurait donc des bienfaits anti-inflammatoires et modulateurs du système immunitaire efficaces dans le traitement de la maladie inflammatoire de l’intestin.

D’après les scientifiques, ces effets du CBG pourraient être exploités dans le futur pour contribuer à la prise en charge de multiples pathologies inflammatoires humaines, et pas uniquement celles touchant les intestins.

Réduction de certains troubles urinaires

De nombreuses personnes rapportent une amélioration de certains dysfonctionnements de la vessie grâce à la prise de certaines préparations à base de cannabis. Une équipe italienne a alors mené une étude en 2015 intitulée « effet des cannabinoïdes non psychotropes sur la contractilité de la vessie : focus sur le cannabigérol (CBG) » afin de mettre de la lumière sur ce sujet[2].

Plusieurs cannabinoïdes non psychotropes ont été étudiés sur des vessies isolées de souris et humaines (in vitro), notamment le CBD, le CBG, le CBDV (cannabidivarine), le THCV (tétrahydrocannabivarine) et le CBC (cannabichromène).

Tous les cannabinoïdes testés, sauf le CBC, ont permis de diminuer les contractions des vessies humaines et de souris (contractions induites volontairement par l’acétylcholine).

D’après les résultats de cette étude, c’est le CBG, à égalité avec le THCV (tétrahydrocannabivarine),qui serait le plus efficace pour réduire les contractions de la vessie. Vient ensuite le CBD et enfin le CBDV.

Le CBG pourrait donc représenter une aide précieuse dans la prise en charge de certains dysfonctionnements urinaires, notamment la vessie hyperactive qui est caractérisée par des contractions involontaires des muscles lisses de la vessie (ou spasmes) se manifestant par des symptômes tels que la miction impérieuse (besoin urgent d’uriner) et l’incontinence urinaire (fuite urinaire).

Augmentation de l’appétit

C’est un fait établi, le cannabis stimule l’appétit. Cette propriété est principalement attribuée à l’activité du phytocannabinoïde psychoactif THC.

Toutefois, il a été observé que les personnes consommant des produits à base de cannabis dépourvus de THC avaient tendance à augmenter leurs apports alimentaires. On en a donc déduit qu’il y avait probablement un autre cannabinoïde ayant cette propriété de stimuler l’appétit, et le cannabigérol paraissait être le candidat idéal (étant la molécule mère) !

Une étude publiée en 2016 intitulée « Le cannabigérol est un nouveau stimulant de l’appétit bien toléré chez les rats pré-rassasiés » a donc été menée pour évaluer les effets du CBG sur l’appétit [3].

Les résultats de cette étude étaient très encourageants puisqu’il a été démontré que les rats ayant reçu du CBG avaient un appétit sensiblement augmenté par rapport aux rats ayant reçu un placebo. Le tout sans entraîner d’effets secondaires neuromoteurs néfastes.

Une analyse approfondie a permis de constater un changement de comportement des rats traités par du CBG qui consiste en une diminution de la latence pour se nourrir et une augmentation de la fréquence de l’alimentation. Autrement dit, les rats traités mangent plus de nourriture en augmentant le nombre des repas, et non pas le volume ou la durée de ces derniers.

La propriété stimulatrice de l’appétit du CBG a donc été démontrée grâce à cette étude, ce qui justifie la réalisation d’autres études sur l’Homme. Ce cannabinoïde pourrait, dans un futur proche, être utilisé dans la prise en charge de certains troubles alimentaires tels que l’anorexie ou la perte d’appétit secondaire à une chimiothérapie anticancéreuse (ou autre traitement lourd).

Huile de CBG Bio

Réduction du stress et soutien émotionnel

Tout comme le CBD, le CBG aurait la capacité d’inhiber la dégradation du neurotransmetteur GABA (acide gamma-aminobutyrique). La présence de ce dernier en grande concentration possède de nombreux bienfaits sur notre santé :

  • Favorise l’apaisement et la relaxation, aussi bien physique que mentale ou émotionnelle.
  • Réduit le stress, l’anxiété et les états de panique.
  • Favorise un état de détente propice à un sommeil réparateur.

Contribution au traitement du glaucome

Le glaucome est une affection oculaire chronique caractérisée par des lésions du nerf optique favorisées par une augmentation de la pression qui règne à l’intérieur de l’œil. Sa prise en charge repose généralement sur l’administration régulière de collyres (gouttes pour les yeux) ayant la capacité de diminuer la production d’humeur aqueuse ou d’augmenter son élimination afin de faire baisser la pression intraoculaire.

De nombreuses études scientifiques ont démontré, depuis plusieurs décennies, que les cannabinoïdes, dont le CBG, étaient capables de diminuer la pression intraoculaire, et ce, quelle que soit la voie d’administration[4].

Le mécanisme d’action du CBG dans la réduction de la pression intraoculaire lors du traitement du glaucome n’est pas encore clairement identifié. Toutefois, la présence de certains récepteurs endocannabinoïdes au niveau des structures de l’œil impliquées dans la formation et de l’écoulement de l’humeur aqueuse (liquide à l’intérieur du globe oculaire) pourrait expliquer l’efficacité de ce cannabinoïde lorsqu’il est administré sous forme de gouttes (effet local par une probable interaction avec le système endocannabinoïde).

Protection du système nerveux central (neuroprotection)

Certaines personnes disent avoir remarqué une nette amélioration de leur concentration grâce à la consommation régulière de CBG. Mais que disent les études ?

Plusieurs phytocannabinoïdes, mais aussi certains cannabinoïdes synthétiques, se sont révélés bénéfiques dans le traitement de certaines maladies neurodégénératives telles que les maladies de Huntington [5], de Charcot (sclérose latérale amyotrophique) [6] ou d’Alzheimer [7].

Les différentes études ont démontré un effet neuroprotecteur du CBG. Autrement dit, ce phytocannabinoïde protège le système nerveux contre les diverses agressions telles que l’inflammation et le stress oxydatif (effets néfastes des radicaux libres). Il aurait également la capacité de modifier l’expression de certains gènes impliqués dans l’évolution de certaines maladies neurologiques.

Cet effet neuroprotecteur du CBG, dans la vie de tous les jours (même en l’absence de toute maladie neurologique), permet d’améliorer les conditions dans lesquelles le cerveau fonctionne avec comme potentiels effets bénéfiques une meilleure concentration, une meilleure capacité de mémorisation et une meilleure assimilation des informations au quotidien (période de révisions, au travail…).

Contribution dans la lutte contre certains cancers

Les cannabinoïdes suscitent actuellement un grand intérêt dans le domaine de l’oncologie. Outre leur large utilisation dans la prise en charge des nausées et vomissements secondaires aux traitements par chimiothérapie, certains d’entre eux auraient la capacité d’inhiber la croissance de divers types de cellules cancéreuses, notamment grâce à aux trois mécanismes suivants [8] :

  • En induisant leur apoptose (mort cellulaire).
  • En perturbant l’angiogenèse : diminution des vaisseaux destinés à nourrir la tumeur, et donc blocage de sa croissance voire régression de sa taille.
  • En affectant la migration cellulaire : certains cannabinoïdes seraient capables d’empêcher les cellules cancéreuses de migrer vers d’autres localisations.

Comme d’autres cannabinoïdes, le CBG aurait la capacité de diminuer la prolifération de plusieurs types de cellules cancéreuses, notamment lors du cancer du sein, de la prostate, de l’estomac (adénocarcinome gastrique), colorectal (carcinome), du système nerveux (gliome chez le rat) et du sang (leucémie basophile chez le rat) [9].

Fait qui mérite d’être souligné : les cellules cancéreuses du carcinome de la prostate se sont révélées insensibles à la plupart des cannabinoïdes, seuls le CBG et le CBD ont permis d’obtenir un blocage de leur prolifération [9] !

Les mécanismes précis par lesquels le CBG agit contre les différents types de cancer ne sont pas encore élucidés, des recherches supplémentaires doivent être menées pour y parvenir. Cependant, les preuves déjà existantes suggèrent que le CBG pourrait représenter un espoir dans la lutte contre cette maladie.

Par ailleurs, il a été démontré que l’administration de CBG permettait chez les malades atteints de cancer une atténuation de la perte de poids induite par la chimiothérapie à base de cisplatine [10].

Inhibition de la synthèse de testostérone

Le CBG aurait la capacité d’inhiber la synthèse de testostérone (la principale hormone sexuelle masculine) par les cellules de Leydig au niveau des testicules de rats de manière plus puissante que le THC [11].

Cette propriété pourrait se révéler extrêmement intéressante dans la prise en charge de certains hommes atteints de cancer de la prostate, en cas d’hypersexualité, dans le cadre d’une contraception hormonale masculine ou d’un changement de sexe.

Elle pourrait également être exploitée dans le traitement de l’acné, de certaines aménorrhées (arrêt des menstruations), de l’hirsutisme (excès de pilosité), de l’alopécie androgénique (chute de cheveux) et de l’hyperandrogénie (excès d’hormones sexuelles masculines, principalement la testostérone).

D’autres potentiels effets positifs du CBG…

Les études ont permis de mettre en évidence de multiples potentiels bienfaits du CBG sur la santé :

  • Inhibition de la synthèse des kératinocytes : le CBG pourrait donc renforcer l’arsenal thérapeutique actuellement employé contre le psoriasis (une maladie de la peau caractérisée par une prolifération excessive des cellules de la peau ou « kératinocytes »)[12].
  • Accélération de la régénération et de la cicatrisation : on pourrait dans le futur utiliser le CBG dans le traitement de l’ostéoporose et des troubles de la régénération osseuse [13].
  • Propriétés antibactériennes contre les bactéries Gram positives, les mycobactéries et les champignons supérieures à celles du CBD, du THC et du CBC [14]. Le CBG possède également une puissante activité contre les divers staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM) [15]. Certains scientifiques voient en ce cannabinoïde une éventuelle solution dans la lutte contre l’un des fléaux les plus menaçants dans la pratique médicale quotidienne : les résistances aux antibiotiques !

Références

[1]       F. Borrelli et al., « Beneficial effect of the non-psychotropic plant cannabinoid cannabigerol on experimental inflammatory bowel disease », Biochemical Pharmacology, vol. 85, no 9, p. 1306‑1316, mai 2013, doi: 10.1016/j.bcp.2013.01.017.

[2]       E. Pagano et al., « Effect of Non-psychotropic Plant-derived Cannabinoids on Bladder Contractility: Focus on Cannabigerol », Nat Prod Commun, vol. 10, no 6, p. 1009‑1012, juin 2015.

[3]       D. I. Brierley, J. Samuels, M. Duncan, B. J. Whalley, et C. M. Williams, « Cannabigerol is a novel, well-tolerated appetite stimulant in pre-satiated rats », Psychopharmacology, vol. 233, no 19‑20, p. 3603‑3613, oct. 2016, doi: 10.1007/s00213-016-4397-4.

[4]       K. Nadolska et R. Goś, « Possibilities of applying cannabinoids’ in the treatment of glaucoma », Klin Oczna, vol. 110, no 7‑9, p. 314‑317, 2008.

[5]       S. Valdeolivas, C. Navarrete, I. Cantarero, M. L. Bellido, E. Muñoz, et O. Sagredo, « Neuroprotective properties of cannabigerol in Huntington’s disease: studies in R6/2 mice and 3-nitropropionate-lesioned mice », Neurotherapeutics, vol. 12, no 1, p. 185‑199, janv. 2015, doi: 10.1007/s13311-014-0304-z.

[6]       C. Rodríguez-Cueto et al., « Neuroprotective effects of the cannabigerol quinone derivative VCE-003.2 in SOD1G93A transgenic mice, an experimental model of amyotrophic lateral sclerosis », Biochemical pharmacology, vol. 157, p. 217‑226, 2018.

[7]       S. Deiana et al., « Plasma and brain pharmacokinetic profile of cannabidiol (CBD), cannabidivarine (CBDV), Δ9-tetrahydrocannabivarin (THCV) and cannabigerol (CBG) in rats and mice following oral and intraperitoneal administration and CBD action on obsessive–compulsive behaviour », Psychopharmacology, vol. 219, no 3, p. 859‑873, 2012.

[8]       « Cannabinoids:potential anticancer agents | Nature Reviews Cancer ». https://www.nature.com/articles/nrc1188 (consulté le 15juillet 2022).

[9]       A. Ligresti et al., « Antitumor Activity of Plant Cannabinoids with Emphasis on the Effect of Cannabidiol on Human Breast Carcinoma », J Pharmacol Exp Ther, vol. 318, no 3, p. 1375‑1387, sept. 2006, doi: 10.1124/jpet.106.105247.

[10]D. I. Brierley et al., « Chemotherapy-induced cachexia dysregulates hypothalamic and systemic lipoamines and is attenuated by cannabigerol », Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle, vol. 10, no 4, p. 844‑859, 2019, doi: 10.1002/jcsm.12426.

[11]     A. Jakubovic, E. G. McGeer, et P. L. McGeer, « Effects of cannabinoids on testosterone and protein synthesis in rat testis leydig cells in vitro », Molecular and Cellular Endocrinology, vol. 15, no 1, p. 41‑50, juill. 1979, doi: 10.1016/0303-7207(79)90069-8.

[12]     J. D. Wilkinson et E. M. Williamson, « Cannabinoids inhibit human keratinocyte proliferation through a non-CB1/CB2 mechanism and have a potential therapeutic value in the treatment of psoriasis », Journal of Dermatological Science, vol. 45, no 2, p. 87‑92, févr. 2007, doi: 10.1016/j.jdermsci.2006.10.009.

[13]     « Cannabinoids Stimulate Fibroblastic Colony Formation by Bone Marrow Cells Indirectly via CB2 Receptors | SpringerLink ». https://link.springer.com/article/10.1007/s00223-006-0171-7 (consulté le 13 juillet 2022).

[14]     H. N. Eisohly, C. E. Turner, A. M. Clark, et M. A. Eisohly, « Synthesis and antimicrobial activities of certain cannabichromene and cannabigerol related compounds », Journal of Pharmaceutical Sciences, vol. 71, no 12, p. 1319‑1323, 1982.

[15]     « Antibacterial Cannabinoids from Cannabis sativa: A Structure−Activity Study | Journal of Natural Products ». https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/np8002673 (consulté le 16 juillet 2022).

 

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